Il plaisante souvent sur l'utilisation de son fauteuil roulant, s'excuse si le matin il est fatigué, fait des blagues sur sa condition physique, arrachant toujours de la bonne humeur à ses interlocuteurs. «Je suis encore en vie» ironise Pape François. Les questions, cependant, se sont accumulées depuis des mois et sont toujours les mêmes : comment va vraiment le pontife ? La question est devenue évidente également pendant la messe du Dimanche des Rameaux quand il a renoncé à lire (et à faire lire) l'homélie préparée pour l'occasion.
Depuis qu'il a été frappé par une mauvaise forme de bronchite, il y a maintenant quelques mois, Bergoglio saute souvent la lecture des discours les plus longs, la confiant à un quelconque monseigneur de la curie. La toux irritante l'en empêcherait. Ce matin, il a décidé de l'annuler totalement à la dernière minute même si à la fin du rite des Rameaux, il a lu quelques réflexions sur la guerre préparées pour l'après-Angélus. Certains suggèrent qu'évidemment il voulait raccourcir les temps de la célébration solennelle pour pouvoir retourner à Santa Marta le plus tôt possible. D'ailleurs, deux heures au froid et au vent sont peut-être excessives pour un octogénaire rendu fragile par les maux de l'âge et plusieurs pathologies antérieures.
Il y a trois ans, François a subi à Gemelli une délicate opération de l'abdomen, avec l'ablation de 30 centimètres d'intestin. Les médecins ont immédiatement exclu qu'il s'agissait d'un cancer. L'année suivante, il a dû retourner à l'hôpital pour un laparocele incarcéré. Les médecins ont expliqué qu'il s'agissait d'une vieille cicatrice d'une opération faite jeune. Depuis l'année dernière, cependant, le Pape a commencé à manifester des souffrances respiratoires. Là encore, les médecins ont exclu le pire, la pneumonie. Cependant, il est évident aux yeux de tous que malgré sa force et son énergie extraordinaire, Bergoglio est de plus en plus fragile. Il a légèrement ralenti les audiences, l'après-midi à Santa Marta il se ménage plus de temps pour se reposer ou se soigner.
Les programmes pour l'avenir proche restent cependant intenses : il envisage de faire quelques voyages en Europe et cet été un long périple entre l'Asie et l'Océanie, affrontant un vol de plus de 26 heures. «On gouverne avec la tête et non avec les genoux» a-t-il réaffirmé une fois de plus dans sa biographie tout juste publiée. François ne pense pas du tout à démissionner et l'explique par le fait que le rôle du pontife est ad vitam. Au Vatican, personne ne veut toucher au sujet de sa santé, c'est un tabou, l'un des secrets les mieux gardés, un totem, mais après tout les Papes vont toujours bien jusqu'à ce qu'ils partent, affirmait Joaquin Navarro Valls, légendaire porte-parole de Jean-Paul II.
Les conditions physiques d'un pontife ont toujours été une matière très délicate et top secrète. Ce n'est pas seulement une question de vie privée mais plutôt une mesure presque vitale pour le système ecclésiastique utile à ne pas alimenter des rumeurs incontrôlées de successions enclenchant certainement des manœuvres pré-conclave déstabilisantes. Le même Pape Bergoglio, deux mois après l'opération au côlon, a confié à un groupe de jésuites qu'alors qu'il était à l'hôpital, il avait su qu'il y avait des cardinaux qui auraient voulu sa mort. La phrase a soulevé une grande indignation générale alimentant des spéculations sur qui ils étaient. L'affaire s'est résolue avec le temps, voyant que le Pape François continuait à mener à bien son programme. Cette fois, c'est seulement évident sa difficulté respiratoire, peut-être liée à un état qui devient chronique, à en juger par l'essoufflement avec lequel il parle. Certains osent dire qu'il a un emphysème mais on reste toujours dans le domaine des hypothèses.
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