Roberto Valerio, après L'Impresario de Smyrne de Carlo Goldoni en 2013, revient à l'auteur vénitien, parmi les pères de la comédie moderne, pour revisiter et mettre en scène un texte qui frappe par sa contemporanéité : Le Joueur.
C'est l'une des « seize nouvelles comédies » que Goldoni s'engage à écrire, à la fin du carnaval de 1750, pour défier le public vénitien, en une seule année (donnant vie à certains chefs-d'œuvre comme La Bottega del Caffè et Il Bugiardo). C'est une étude vivante de caractères, esquissés avec brio et précision, qui composent le portrait d'une société entière, avec ses vertus et, surtout, ses vices. Goldoni s'était en effet fixé la tâche de représenter un « théâtre exemplaire » qui « réveillerait » de la fascination du jeu. Et il parlait, comme toujours pour l'humaniste parmi les dramaturges, par expérience personnelle : lui-même, confesse-t-il dans la préface de l'édition imprimée, avait expérimenté sur sa propre peau « les conséquences néfastes de ce plaisir angoissant », fréquentant assidûment les Ridotti, locaux annexés aux théâtres spécifiques pour les différents types de jeux, très répandus dans la Venise du XVIIIe siècle.
Au centre de la comédie, il y a Florindo, qui, dévoré par la passion du jeu, perd tout : l'argent, les amitiés, l'amour de sa fiancée Rosaura, qu'il aime pourtant sincèrement, et n'hésite pas à promettre d'épouser la vieille et riche Gandolfa pour obtenir l'argent nécessaire pour continuer à jouer et à rêver, comme tous les joueurs d'hier et d'aujourd'hui, de la « victoire fabuleuse » qui lui permettrait de quitter la table verte. Un thème d'une grande actualité que Roberto Valerio a voulu représenter sur une scène, conçue par Guido Fiorato, occupée par un grand bateau, qui transporte les protagonistes vers des aventures et des malheurs, des vices et des tentatives d'émancipation, entre drame et comédie, poussé par ce vent doux et venimeux qu'est l'illusion, dont sont victimes tous les personnages. Tous vivent le fantasme de changer de vie, de gagner, de devenir célèbres, de voir tous leurs souhaits réalisés, unis par une incapacité enracinée à faire face à la réalité. C'est donc une mer seulement apparemment calme que traverse celui qui est la proie de dépendances, qu'elles soient affectives, au jeu d'argent, aux drogues, à l'alcool, au sexe ou, selon la contemporanéité, au gaming, aux smartphones, à internet ou aux réseaux sociaux, aux médicaments : tant qu'il est possible de répondre à la demande, il y a un équilibre apparent, dès que l'abstinence se déclenche, la racine profonde du malaise éclate. L'idée du bateau est aussi un hommage à un théâtre conçu comme un voyage et à Giorgio Strehler, qui le représente ainsi en parlant du dramaturge du XVIIIe siècle, dans ses Mémoires goldoniennes réécrites entre le printemps 1993 et Noël 1997 et jamais mises en scène, un acte d'amour envers la théâtralité. Dans le script, basé sur l'autobiographie, on voit un très jeune Goldoni qui décide de s'embarquer de Rimini vers Venise avec une troupe de comédiens, voyage bref mais qui symboliquement, est le début d'un parcours que l'auteur poursuivra toute sa vie.
Le Joueur est un texte magnifique, toujours en équilibre entre comédie et drame, d'une grande modernité, une comédie noire qui renferme en elle la possibilité de raconter avec légèreté les vices et les hypocrisies de l'homme. La musique en direct, la danse et les chansons originales interprétées par les personnages contribuent à composer un spectacle complexe, amusant et mordant, ironique et joueur, qui ne néglige pas le drame des personnages et vise à redécouvrir la véritable âme de Goldoni, écrivain capable de sonder en profondeur l'âme humaine avec le sourire aux lèvres.
Trailer vidéo https://youtu.be/FjjxexVMYMk
PERSONNAGES ET INTERPRÈTES
- Florindo Aretusi, jeune civil, joueur
Alessandro Averone
- Rosaura, fille de Pantalone, fiancée à Florindo
Mimosa Campironi
- Gandolfa, vieille sœur de Pantalone
Alvia Reale
- Pancrazio, propriétaire du casino et ami de la vieille Gandolfa
Nicola Rignanese
- Lelio et Agapito, joueurs
Massimo Grigò
- Pantalone de' Bisognosi, marchand vénitien
Davide Lorino
- Beatrice, amante de Florindo
Roberta Rosignoli
- Tiburzio, joueur professionnel et un serviteur
Mario Valiani
HORAIRES DU SPECTACLE
jeudi 04/04/2024 à 20h30 vendredi 05/04/2024 à 21h00 samedi 06/04/2024 à 21h00 dimanche 07/04/2024 à 17h00 mardi 09/04/2023 à 20h30 mercredi 10/04/2023 à 17h00 jeudi 11/04/2024 à 20h30 vendredi 12/04/2024 à 21h00 samedi 13/04/2024 à 21h00 dimanche 14/04/2024 à 17h00
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