L'Argentine célèbre sa première sainte, Mama Antula, au milieu d'une crise économique

L'Argentine célèbre sa première sainte, Mama Antula, au milieu d'une crise économique
by Franca Giansoldati
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vendredi 9 février 2024, 17:48 - Dernière mise à jour: 18:18

Les Argentins célèbrent leur première sainte : il s'agit de Mama Antula, une sorte de Mère Teresa du XVIIIe siècle, dévouée aux Indiens et aux Jésuites et très aimée dans les Villas Miserias, les quartiers très pauvres de Buenos Aires où le pape François allait régulièrement dire la messe lorsqu'il était archevêque. Une figure emblématique du 'pueblo' qui est plus que jamais invoquée par les pauvres et ceux qui participent aux manifestations qui traversent le pays, à genoux à cause de l'économie qui s'effondre, de l'inflation galopante et des protestations contre les mesures prises par le nouveau président Milei pour faire face à la débâcle financière des gouvernements précédents.

Maria Antonia de San José, alias Antonia de Paz y Figueroa, surnommée Maman Antula, a vécu entre 1730 et 1799. L'Église lui a reconnu le miracle d'avoir sauvé un homme atteint d'un 'AVC ischémique avec infarctus hémorragique dans plusieurs zones, coma profond, septicémie, choc septique résistant, avec défaillance multiorganique'. Il était hospitalisé à l'hôpital de Santa Fe et les médecins le croyaient mort. Les parents désespérés ont prié Mama Antula et après quelques jours, des améliorations significatives ont été observées, jusqu'à la guérison et le retour à une vie normale de l'homme.

Mama Antula, pendant sa vie religieuse, a fondé la Maison d'exercices de Buenos Aires où les Jésuites venaient faire des retraites spirituelles. Elle-même promouvait les exercices spirituels selon l'esprit ignatien, sa devise de vie était 'aller là où Dieu n'est pas connu pour le faire connaître'.

Le président argentin Milei sera également présent pour la canonisation sur la place Saint-Pierre dimanche matin, il aura une rencontre officielle avec le pape François lundi matin au Palais apostolique. Il s'agit d'un entretien important et ils auront beaucoup à se dire, à commencer par la situation du pays, la question de Gaza. Milei a annoncé ces derniers jours, alors qu'il se trouvait en Israël, qu'il allait déplacer l'ambassade argentine à Jérusalem, tout comme les États-Unis l'ont fait sous Trump.

La canonisation de Mama Antula servira à leur rapprochement après les querelles des derniers mois alors qu'en Argentine, les manifestants ont réalisé la plus grande opposition possible contre le projet réformiste du président libéral qui vise à remodeler le pays sud-américain. Récemment, la grève nationale a entraîné la fermeture totale des écoles et des entreprises.

Francis n'a pas caché son inquiétude face au tournant néolibéral de l'Argentine. Pendant la campagne électorale de Milei, un économiste plutôt excentrique surnommé 'El Loco' (le fou), il y a eu des étincelles. Le président avait même utilisé des mots offensants envers Bergoglio, le traitant de communiste et d'âne. Des épithètes jamais entendues auparavant d'un politicien envers un pape. À ces attaques, le Pape n'a pas répondu, puis quand Milei a été élu, il n'a pas hésité à le contacter pour un appel institutionnel. La conversation rapportée par certains journaux argentins résumait un échange cordial et stratégique : Milei a dit qu'il avait invité François à visiter l'Argentine en lui assurant un accueil triomphal et le Pape a fait semblant de ne rien savoir des offenses. 'En campagne électorale, les mots passent'.

Le rendez-vous à l'agenda est important et servira à tous deux pour comprendre leurs marges de manœuvre respectives. François utilisera son poids moral pour éviter que des coupes drastiques ne soient faites aux plus pauvres, demandant que les couches fragiles de la population soient protégées. Milei rentrera chez lui avec une photo opportunité qui lui vaut comme viatique. Pour le reste, on verra.

En attendant, le décret de Milei et le projet de loi pour sauver un pays du défaut prévoient une vague de privatisations, des coupes féroces dans les dépenses, une expansion des pouvoirs présidentiels et une réduction des droits des travailleurs. Neuf des 18 ministères gouvernementaux ont déjà été fermés, y compris ceux responsables de l'éducation, de l'environnement et des femmes, du genre et de la diversité. La monnaie argentine, le peso, a été dévaluée de plus de 50% par rapport au dollar. Milei essaiera d'expliquer au pape François pourquoi ces mouvements sauveront l'Argentine de 'l'enfer économique' des péronistes. L'inflation annuelle a atteint un sommet de trois décennies à 211,4%.

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